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Ma visite à la plage d’Omaha Beach

J’ai visité la Normandie pour fouler les plages où mon grand-père s’est battu pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Tout au long de mon enfance, mon grand-père m’a parlé de cette guerre à laquelle il a pris part. Au début, il ne me donnait que des bribes d’information : une mention par ici, une référence par là. Peut-être pensait-il que j’étais trop jeune pour être exposé à autant de violence. Quand j’ai atteint l’adolescence, toutefois, il a changé son fusil d’épaule. Le dimanche soir, quand nous allions souper chez lui en famille, il m’entraînait souvent à part et me parlait de la guerre. Parfois, il sortait une photo ou me montrait ses plaques d’identité. Une fois, il m’a même montré un couteau qu’il avait rapporté des champs de bataille en France. De toutes ses histoires, j’ai surtout été intrigué par ses souvenirs du jour J, celui du Débarquement. Je le regardais avec mon œil d’adolescent innocent et je lui demandais : « Grand-papa, tu n’as pas eu peur? Comment as-tu trouvé le courage de sortir du bateau et de traverser la plage? » Il répondait toujours quelque chose du genre : « J’étais terrifié. Mais je savais que c’était la bonne chose à faire. » 

L’une des dernières fois où nous avons discuté, mon grand-père m’a dit : « Si un jour tu en as l’occasion, va visiter la plage d’Omaha Beach ». Il est mort quelques mois plus tard. Après cela, j’ai toujours souhaité voyager de mon Ohio jusqu’à la France pour fouler le sol où il s’était battu. Finalement, sept ans plus tard, l’occasion s’est présentée. Ma femme et moi avons atterri à Paris au printemps (comme dans la fameuse chanson April in Paris). Mais au lieu de commencer par explorer la Ville Lumière (ce que nous avons fait plus tard), j’ai salué joyeusement le douanier de l’aéroport Charles-de-Gaulle et nous avons pris un train pour Caen, dans le département du Calvados.  

Carte des plages du débarquement à Omaha beach, Normandie
Carte des plages du débarquement à Omaha beach, Normandie

À Caen, nous avons loué une voiture et nous sommes dirigés vers la plage d’Omaha Beach. Nous avons sillonné à travers les petits villages en pierre et les vergers de pommes. Le paysage était à couper le souffle. Sauf que je ne pouvais m’empêcher de penser à mon grand-père, et à ces valeureux soldats de différentes nations qui se sont battus sur cette même terre, et qui y ont laissé leur vie. 

Nous n’avons atteint notre hôtel de Bayeux qu’après la tombée de la nuit. Comme il était inutile de nous rendre à la plage à la noirceur, nous avons décidé de déposer nos valises à l’auberge-boutique (qui fait partie du merveilleux réseau des Gîtes de France), de demander une recommandation pour le souper et de nous reposer avant le lendemain matin qui s’annonçait plutôt émouvant. Notre hôtesse nous a suggéré un excellent restaurant situé dans un bâtiment datant du XVe siècle. Là, nous nous sommes régalés de fruits de mer : huîtres salées, crevettes sucrées, homard délicat. Ma femme a même osé essayer les tripes, qui, selon elle, étaient beaucoup plus savoureuses qu’elle ne l’avait imaginé. Pendant le repas, j’ai sorti quelques photos de mon grand-père datant de la guerre. J’en avais une de lui en 1943, vêtu de son uniforme, juste avant qu’il ne soit déployé. Sur une autre, on le voyait se bagarrer avec ses compagnons d’infanterie, sur une base de l’armée, quelque part. J’avais même ses plaques d’identité avec moi. Pourquoi ai-je voulu revoir ces objets avant de me rendre à la plage d’Omaha Beach? Pour m’imaginer le mieux possible dans quel état il était au moment du débarquement, ce à quoi il ressemblait, ce qu’il avait dû endurer. Avant de retourner à notre auberge, nous avons dégusté quelques délicieux fromages. Le camembert était absolument succulent! Nous avons aussi goûté au Calvados, un brandy de pomme fabriqué en Normandie. 

Frais et dispos le lendemain matin, ma femme et moi avons repris notre véhicule de location et avons fait le court trajet (environ 20 minutes) de Bayeux à Omaha Beach. Un vent fort soufflait en sortant de la voiture. Et puis, je l’ai finalement vue : l’immense plage où mon grand-père s’était battu. J’ai tout de suite voulu descendre vers le sable, le sentir, le toucher. Près de l’eau, je me suis penché et j’en ai ramassé un peu dans mes mains. Il était froid, mouillé et d’un noir grisâtre. Le sable à la main, je ne pouvais que penser à mon grand-père, qui avait pris d’assaut cette même plage, soixante-quinze ans auparavant. Ce qui m’a le plus frappé, c’est que la plage ressemblait en tout point à celle que j’avais vue sur des photos datant de 1944. C’était presque comme si je pouvais m’avancer un peu et retrouver les empreintes de bottes de mon grand-père. L’expérience fut extrêmement cathartique. C’était très émouvant. De contempler ce champ de bataille qui a changé la vie de tant de gens. Et même, qui a façonné le continent européen tout entier. Ma femme et moi avons observé un moment de silence pour marquer l’occasion.  

Un monument commémorant l'histoire de la plage d'Omaha pendant la Seconde Guerre mondiale.
Un monument commémorant l’histoire de la plage d’Omaha pendant la Seconde Guerre mondiale.

Un conseil pratique si vous songez à faire un tel voyage : louez une voiture sans hésitation. Les transports publics dans ces petits villages sont limités. Vous gagnerez du temps en conduisant vous-même, mais faites bien attention aux règles de stationnement! Je vous encourage aussi à consulter le réseau des Gîtes de France, surtout si vous souhaitez trouver un hébergement qui vous fera vivre une expérience en soi, et pas seulement un toit pour dormir. Ces auberges offrent souvent des repas dont les ingrédients proviennent des fermes environnantes ou proposent des activités (comme des visites guidées de vignobles) qui ne sont pas toujours accessibles au grand public.  

Vous connaissez maintenant l’histoire de ma visite à la plage d’Omaha Beach, plusieurs décennies après le fameux Débarquement. Que votre grand-père ait combattu ou non le jour J, nul doute que la visite de ces plages de Normandie – ou de n’importe quel site qui commémore la Seconde Guerre mondiale en Europe, comme les musées des camps de concentration, le palais royal de Caserte en Italie ou le musée Polin à Varsovie – vous fera vivre une expérience qui s’ancrera en vous pendant des années, voire pour toujours. L’été qui vient serait le moment idéal pour planifier un tel voyage. D’ici là, joignez-vous à ce groupe Facebook History Lovers Europe  pour discuter avec d’autres amateurs d’histoire européenne.

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