Éveil au milieu des rennes et émerveillement au sommet d’un volcan
Je voulais découvrir les paysages européens aux deux extrémités du continent – j’ai donc choisi la Suède au nord et l’Italie au sud.
C’est le bruit des éclaboussures qui m’a réveillé; ça et le léger ronflement – ou était-ce plutôt comme un hennissement enjoué? Je me suis demandé ce que ça pouvait être… Curieux, j’ai ouvert la glissière de ma tente, que j’avais piquée près de la rivière la veille, et j’ai été estomaqué par le spectacle qui s’offrait à moi : une harde de rennes, peut-être deux cents, qui buvaient de l’eau fraîche, bramant et se chamaillant joyeusement.
Ayant grandi en Californie, j’ai toujours associé les rennes à Noël. Ce sont les bêtes qui tirent le chariot du père Noël à la barbe blanche et aux joues rouges dans le ciel d’hiver en distribuant des cadeaux par les cheminées. Jamais je n’aurais imaginé un jour être réveillé par une harde de rennes au cœur de la campagne Suède. Pour raconter cette histoire au complet, je dois revenir en arrière et expliquer comment je me suis retrouvé là.
Le matin précédent, mes deux amis et moi sommes allés au village de Tännäs, dans la province de Härjedalen (si vous pouvez imaginer une carte de la Suède, la ville est située au centre du pays, un peu vers l’ouest). Notre voiture contenait de l’équipement de camping et de pêche et suffisamment de nourriture pour une escapade de quatre jours. Nous avons laissé la voiture au bord de la route, harnaché un attirail d’une trentaine de kilos sur nos dos et sommes partis pour une randonnée d’environ une heure jusqu’à ce que nous atteignions une clairière au milieu de laquelle coulait une rivière. Le plan? Pêcher sans relâche pendant quatre jours, soit le temps accordé sur nos permis. Nous mangerions les poissons attrapés, et nous avions aussi des provisions au cas où ça ne mordrait pas. Bien sûr, nous avions prévu de conserver uniquement ce dont nous avions besoin pour manger. En bons pêcheurs responsables, nous allions relâcher tout le reste. Nous avions aussi des bières provenant d’une microbrasserie voisine (immergées dans l’eau courante pour les garder fraîches) et des collations en quantité suffisante ainsi que quelques paquets de saucisses à griller.
Une fois tout notre attirail monté, notre partie de pêche pouvait commencer. Mon ami Niles fut le premier à avoir une prise. Sa canne s’est courbée vers l’eau, sa ligne s’est emballée. Puis il a sorti un magnifique ombre commun de l’eau claire de la rivière. Au cours de la journée, la chance a aussi souri à Jack, mon autre ami, et à moi. Mais nous avons réussi de belles prises : perche, brochet, ombre, trois variétés délicieuses de poissons. Ce soir-là, nous nous sommes régalés de sashimi frais.
Même si j’adore pêcher, j’étais principalement là pour découvrir la merveilleuse campagne suédoise. Comme c’était l’été, la lumière du jour s’était à peine estompée vers vingt-trois heures. Avant d’allumer un feu, Niles, Jack et moi avons regardé le paysage qui s’offrait à nous. C’était sublime, et incroyablement paisible. Il n’y avait que nous et la nature, et c’était merveilleux. Nous avons à peine parlé. Nous avons regardé la rivière qui serpentait vers l’infini. Nous avons observé le ciel rose qui se réfléchissait à la surface de l’eau.
Quand je me suis couché cette nuit-là, je me suis dit que ce voyage frôlait la perfection. Le lendemain matin, en me réveillant au milieu des rennes, j’ai compris que la perfection existe. J’ai dû passer une vingtaine de minutes à admirer ces créatures féériques. J’essayais de bouger le moins possible, afin de ne pas les effrayer alors qu’ils pataugeaient dans l’eau du ruisseau ou mastiquaient de la mousse et des fougères. Puis, ils ont pris la clé des champs. J’ai regardé le troupeau déguerpir jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les forêts de bouleaux qui nous entouraient.
Cette première expérience dans ma quête de découvrir la nature sauvage européenne en était une que j’allais chérir toute ma vie. Quelques jours plus tard, nous étions prêts à découvrir un autre coin de l’Europe, à passer du nord au sud. Notre destination : le volcan Stromboli en Sicile, en passant par une auberge écotouristique.
Depuis mon enfance, les volcans me fascinent. Par la violence d’une éruption, notre planète fabrique de la nouvelle terre. Quelle façon spectaculaire pour nous, êtres humains, d’être témoins de toute la puissance de la nature! Pour pouvoir visiter ce volcan insulaire, il fallait d’abord trouver un port d’attache. Nous avons choisi Milazzo, en Sicile, pour deux raisons : il suffit d’y emprunter un traversier pour se rendre sur l’île volcanique, et cette ville abrite des hébergements fabuleux. Après notre escapade en nature sauvage en Suède, nous avions envie d’un peu de confort et avons donc choisi une auberge-boutique écotouristique. J’étais particulièrement emballé par ce choix parce que j’avais lu en ligne que l’auberge collaborait avec une ferme locale qui fournissait tous les aliments délicieux.
Le déjeuner de notre première journée ne m’a pas déçu. Vers 8 heures du matin, nous nous sommes attablés devant une vue imprenable sur la mer. Notre hôtesse nous a servi le repas : un café fort et parfumé avec du lait et une généreuse portion de cornetti (des croissants fourrés à la crème). Elle nous a même confirmé que le lait, les œufs et la crème provenaient de la ferme locale mentionnée plus haut – merveilleux! Permettez-moi de vous dire que je n’ai jamais goûté de produits laitiers aussi riches et savoureux de ma vie. Un pur délice!
Mais, fin de la parenthèse déjeuner. Après tout, nous étions là pour grimper un volcan! Quarante-cinq minutes plus tard, nous étions à bord du traversier en direction du Stromboli. Puis, le majestueux volcan est apparu, une immense masse de terre émergeant de l’eau. Nous avons accosté et mis le pied sur ce que certains surnomment le « phare de la Méditerranée ». J’ai tout de suite été frappé par les plages de sable noir de l’île. Je n’avais jamais vu de sable de cette couleur auparavant.
Peu de temps après notre arrivée, nous avons commencé notre ascension. Nous avions cru bon d’engager un guide pour cette randonnée, le sentier étant assez abrupt. Nous ne voulions pas non plus risquer de nous perdre en chemin et de nous aventurer sur un terrain dangereux. Tout au long de la montée, nous n’avions qu’un objectif en tête : voir de la lave. Ce n’était pas impossible. Après tout, le volcan Stromboli est actif depuis des siècles et a connu des éruptions fréquentes au cours des vingt dernières années.
À mesure que nous grimpions sur le sol raboteux de la montagne volcanique, je sentais mon cœur battre à tout rompre. C’était causé en partie par la montée à pic, mais certainement aussi par l’excitation d’atteindre le sommet. Le terrain était escarpé et nous marchions rapidement. Environ trois heures et demie plus tard, nous avons enfin touché la cime. Et soudain, comme par magie, nous avons vu au loin un éclat rouge, une petite éruption de lave et le flux ondulant de la roche fondue. Notre guide s’est assuré que nous gardions nos distances. Mais même de loin, cette expérience d’avoir vu la Terre former de la nouvelle terre restera gravée dans ma mémoire à jamais.
Sur le traversier du retour vers Milazzo, je me disais déjà que les merveilles de la nature que j’ai pu observer en Europe s’inscriraient profondément en moi, et pour très longtemps. Plus jamais je ne penserai aux rennes et à la lave de la même façon.
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Par John Smyth, Américain, analyste en assurance